Issu de la classe moyenne, d'un père fonctionnaire de catégorie B et d'une mère au foyer, j'ai grandi dans une ville du Grand-Est de la France. Mes parents m'ont inculqué les valeurs qui étaient les leurs, j'ai appris à respecter les gens, à bien me tenir, à me faire discret et surtout à bien travailler à l'école.
Pour eux, et pour toute une génération d'ailleurs, l'obtention d'un diplôme était synonyme d'emploi, de succès, de carrière réussie. Je n'ai jamais manqué de rien, je n'ai connu ni la pauvreté, ni la richesse. Mes parents ont été plutôt présents, même si je ne partageais pas grand chose avec mon père mis à part les devoirs supplémentaires qu'il jugeait bon de nous dispenser à moi et à mes deux grandes soeurs. Ma mère fut une maman formidable qui a su prendre soin de nous et nous donner l'amour dont nous avions besoin.
Le statut social était d'une grand importance pour mon père qui portait une admiration sans limite aux médecins et officiers de l'armée. Sous son impulsion, mes deux soeurs suivirent des études de médecine leur assurant ainsi une situation stable et un rang social respectable.
Ce fut quelque peu différent me concernant. "Ramier", "fainéant", le patriarche avait bien compris que les longues études n'étaient pas faites pour moi. Il avait à mon égard des objectifs revus à la baisse, le diplôme d'infirmier limiterait la casse. Au bout d'un an j'abandonnais cette voie et embrassais une carrière de fonctionnaire à mon tour.
J'ai assez vite ressenti l'envie de m'enrichir, au départ pour pouvoir m'offrir de belles choses comme tous les jeunes dans la vingtaine. Et puis plus tard une fois les 30 ans passés une sorte de crise existentielle en décida autrement. Je souhaitais alors plus que tout atteindre l'indépendance financière et devenir tout simplement libre... Quitter le système.
Je fus un fonctionnaire on ne peut plus normal, moyennement impliqué dans sa mission avec la sensation que ce qu'il accomplissait ne servait finalement pas à grand chose. Je n'ai jamais brillé en société, plutôt apprécié de tous, je restais discret. Je ne bénéficiais pas de contacts particuliers ou encore d'un "réseau" si cher à certains. J'observais ce monde qui m'entourait, les grattes-papier, les carriéristes, les lèches-cul, les grandes gueules, les souffres douleurs ou encore les hypocrites.
Ce monde me décevait de plus en plus jusqu'à un point à en être dégouté. J'avais besoin de voir autre chose, de déconnecter, de prendre une autre voie et surtout de revenir à l'essentiel en menant une vie simple. Ce fut fort heureusement possible grâce aux investissements immobiliers que nous avons réalisé avec ma femme pendant les 6 années qui précédaient cette remise en question.
Aujourd'hui, ne travaillant plus, n'ayant pas vraiment de statut social et ne brillant toujours pas en société, je goûte à une liberté à laquelle je n'avais jamais goûtée auparavant. Bien intégré à mon quartier de campagne, je m'engage timidement au sein du foyer rural du village et j'aide lorsque cela est nécessaire. Cela ne me prend que de temps et me permet de côtoyer les gens des alentours.
Notre cercle d'amis est restreint, pour vous donner un chiffre nous devons fréquenter régulièrement une quinzaine de personnes que nous considérons comme de réels amis. Nous n'avons pas de réseau, nous ne connaissons pas de hauts placés, nous n'appartenons à aucun club du genre Lions ou Rotary, nous nous suffisons à nous même si je puis dire.
J'ai connu des gens qui souhaitaient absolument côtoyer les "grands" de ce monde, qui se targuaient d'être l'ami de M. IMPORTANT, Directeur général de telle ou telle boîte, qui possède 8 véhicules de prestige dans son immense garage dans le quartier huppé de la ville. J'avais l'impression que ces gens vivaient par procuration et qu'ils ne se rendaient même pas compte qu'ils ne représentaient rien ou si peu aux yeux de la personne qu'ils adulaient. J'ai pu rencontrer et côtoyer ces PDG, hauts fonctionnaires ou politiques appartenant à une certaine élite. Ils sont en effet parfois interessants et inspirants, mais il y a aussi chez eux et dans le milieu auquel ils appartiennent beaucoup d'hypocrisie, de jalousie, d'égo et de trahisons. Le plus désagréable étant ceux qui dès le premier contact vous jette leur titre ou leur fonction à la figure... C'est d'un ridicule.
Personnellement, je ne connais intimement personne "d'important" et sur l'échelle du statut social je me situe tout en bas. Vous ne me trouverez pas sur les réseaux sociaux sous mon véritable nom ou dans les soirées mondaines, je préfère de l'ombre à la lumière, je préfère le calme à l'agitation. Je ne suis personne... Et cela me convient parfaitement.
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